Un train entre en gare de La Ciotat. Le berceau du cinéma est le point de départ d’un voyage inédit. En découvrant différents sites ferroviaires en Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous rencontrons celles et ceux qui travaillent quotidiennement à "faire le train". À travers leurs témoignages, leur travail, en interrogeant également l’histoire et le cinéma, l’évidence se révèle : le train crée du lien. Il a structuré un territoire ; il a fait un réseau unifié de lignes autrefois indépendantes.
Le train a surtout fédéré une communauté professionnelle, à partir de métiers différents – ouvriers, techniciens et ingénieurs – autour de valeurs fortes : les cheminots. Porteur d’une certaine vision du "travailler et vivre ensemble", le train "fait société".
Mais aujourd’hui, ce mouvement historique de construction d’un réseau et d’une communauté est remis en cause. Il s’inverse même. Sous couvert de modernisation, l’heure est désormais à la division, à la séparation. Le virage est économique.
La culture managériale cherche à se substituer à la culture cheminote fondée sur l’expérience du travail et les valeurs de fraternité, de solidarité et de service public.
Chez les cheminots, le bouleversement est profond. Leur rapport au travail est jugé dépassé, qualifié de frein à la modernité. Le sentiment d’un désaveu renforce l’isolement.
Le train va-t-il continuer à "faire société" ? À l’heure où le monde du travail tend à se fermer aux regards extérieurs, où paroles et images sont désormais "sous contrôle" des directions des entreprises, les cheminots s’interrogent, expriment leurs doutes et leurs espoirs. Ils posent plus largement la question du travail et de son sens.