Peuple et Culture Cantal
Slogan du site

Projection de documentaires, ici, là-bas ...

... cinéma d’ici et d’ailleurs ...
SNCF Aurillac
Cheminots
De Luc JOULE et Sébastien JOUSSE, 2009

Un train entre en gare de La Ciotat. Le berceau du cinéma est le point de départ d’un voyage inédit. En découvrant différents sites ferroviaires en Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous rencontrons celles et ceux qui travaillent quotidiennement à "faire le train". À travers leurs témoignages, leur travail, en interrogeant également l’histoire et le cinéma, l’évidence se révèle : le train crée du lien. Il a structuré un territoire ; il a fait un réseau unifié de lignes autrefois indépendantes.

Le train a surtout fédéré une communauté professionnelle, à partir de métiers différents – ouvriers, techniciens et ingénieurs – autour de valeurs fortes : les cheminots. Porteur d’une certaine vision du "travailler et vivre ensemble", le train "fait société".

Mais aujourd’hui, ce mouvement historique de construction d’un réseau et d’une communauté est remis en cause. Il s’inverse même. Sous couvert de modernisation, l’heure est désormais à la division, à la séparation. Le virage est économique.

La culture managériale cherche à se substituer à la culture cheminote fondée sur l’expérience du travail et les valeurs de fraternité, de solidarité et de service public.

Chez les cheminots, le bouleversement est profond. Leur rapport au travail est jugé dépassé, qualifié de frein à la modernité. Le sentiment d’un désaveu renforce l’isolement.

Le train va-t-il continuer à "faire société" ? À l’heure où le monde du travail tend à se fermer aux regards extérieurs, où paroles et images sont désormais "sous contrôle" des directions des entreprises, les cheminots s’interrogent, expriment leurs doutes et leurs espoirs. Ils posent plus largement la question du travail et de son sens.

Aprés avoir pris les premiers contacts avec la bibliothécaire du CE cheminot d’Aurillac, et traversé les différents services au sein de la gare pour présenter le film qui parle de "eux les cheminots", nous étions très heureux que cette projection se réalise au sein même du décor !
Le buffet de la gare fermé depuis quelques années était alors transformé en salle de cinéma (pas très chaude certes !) nous nous y sommes retrouvés a une bonne cinquantaine malgré très peu de cheminots curieux ce soir là.

Buffet de la gare Aurillac

un débat fit suite au film justement sur ce que deviennent nos gares et nos trains aujourd’hui,débat alimenté tout de même par des agents de terrain en retraite et en activité.

Belle image de la soirée : les trains arrivaient sur l’écran mais aussi ........sur les quais dehors !!!
une mise en spectacle du monde.

Genèse du film

A l’initiative du Comité d’établissement des cheminots de la région PACA dans le cadre de son action culturelle, ce film documentaire long-métrage interroge l’histoire de l’entreprise et de ses valeurs et met en relief les conséquences des grandes mutations qu’elle connaît actuellement.

Un train entre en gare de La Ciotat.
Le berceau du cinéma est le point de départ d’un voyage à la rencontre de celles et ceux qui travaillent quotidiennement à « faire le train ».

Au fil de la découverte de différents sites ferroviaires et de la rencontre avec le travail et la parole des cheminots, l’évidence se révèle : le train a structuré un réseau, une communauté et un territoire. Sur les murs de gares ou d’ateliers, le cinéma révèle les traces de son histoire…

Le train est porteur d’une certaine vision du « travailler et vivre ensemble ». Le train fait société. Mais aujourd’hui, à l’heure de la libéralisation économique et de l’ouverture à la concurrence, le réseau est divisé, les services et les métiers sont séparés. Le cinéaste Ken Loach explique combien la privatisation de British Rail en Grande Bretagne a été une catastrophe.

Le Grand Résistant Raymond Aubrac souligne que la résistance face au recul progressif du Service public est l’affaire de la société toute entière. Les cheminots expriment leurs doutes et leurs espoirs, ils posent plus largement la question du travail et de son sens.

Extraits d’un article de l’humanité

...Une locomotive aux armes de Veolia tractant des wagons de marchandises et passant sans prévenir devant le poste de contrôle de la gare de Miramas (Bouches-du-Rhône) tenu par un cheminot quelque peu désabusé ; un jeune conducteur de train provençal, militant syndical, qui réfléchit tout haut ainsi : « On n’a plus le rapport de forces et parfois je me demande si ça ne serait pas plus simple de rentrer à la maison et de me mettre devant la télé pour regarder la Star Ac’…Mais non, j’ai pas envie de subir ce système, je pense service public, je vis chemins de fer… je veux que les gens prennent des trains de qualité. » ...

...Signé par deux routiers du documentaire, le Marseillais Luc Joulé et le Parisien Sébastien Jousse, ce long-métrage, qui a nécessité trois années d’enquête, est comme un audit social de la SNCF après le séisme que fut, pour les cheminots français, la déréglementation en Europe du fret ferroviaire, et en attendant sa réplique - la libéralisation du trafic de voyageurs -, le 1er janvier prochain. Le film est fondé sur des témoignages de cheminots qui oscillent entre résignation et résistance.

« On ne sait pas ce qu’on va faire demain », s’inquiète, par exemple, celui de Miramas qui dit également : « Voir un train privé arriver sur ta voie, ça fait mal au coeur ! » Et ça fait mal aussi à la « grande famille » des cheminots dont le travail, vécu pour beaucoup comme une passion, semble avoir de moins en moins de sens. Comme le résume François, chef d’escale à Marseille : « Je viens toujours avec le sourire au boulot parce que je viens jouer au train électrique grandeur nature ! Mais l’unicité dans l’entreprise est en train de se dissoudre. On ne se prête plus le matériel, on se le vend, on se le sous-loue. La priorité de chacun est de gérer son activité propre et non plus celle de la SNCF… »...

Philippe Jérôme

Extrait du film

http://www.film-documentaire.fr/Cheminots.html,film,25351

Les réalisateurs

Luc Joulé et Sébastien Jousse se sont rencontré au département cinéma de l’université Paris VIII Saint Denis, à la fin des années 80 ;

Chacun poursuit ensuite sa propre voie. Communication dans les collectivités et magazine de France 3 pour Luc Joulé. Réalisation de courts métrages et de films institutionnels pour Sébastien Jousse.

Retrouvailles début 2000 pour la réalisation d’un film documentaire Les réquisitions de Marseille –mesure provisoire.

En poursuivant chacun son propre travail de cinéma documentaire, Cheminots est leur deuxième film, écrit et réalisé ensemble.