J’ai fait mes études de médecine à Paris.
Quand j’ai fini mes études, je me suis évadé de Paris, je suis parti dans les Alpes, où j’ai passé 13 ans dans le secteur de Thonon, où j’étais d’abord médecin réanimateur, puis médecin urgentiste.
J’ai également eu le plaisir de faire mon service militaire, à l’époque, ça existait encore : j’ai fait dans le secours en montagne du côté de Briançon. J’ai fait plus d’une centaine de missions de secours en montagne. Avec l’hélicoptère, pendu sous le câble, pour aller récupérer les gens qui se sont un peu abîmés dans les montagnes. C’est parfois un petit peu chaud, on a des fois des pierres qui nous sifflent aux oreilles, ça peut être un peu compliqué, mais c’était passionnant.
Je suis retourné dans mon Thonon, toujours médecin urgentiste, et là j’ai fait du secours spéléo. On avait besoin d’un médecin qui puisse venir secourir en cas de problème, donc ils m’ont entraîné à devenir un bon spéléo. Et lors d’un de ces entraînements, il y a un des équipiers qui s’est pris une pierre, qui est tombé, qui est quand même gravement blessé puisqu’il avait eu une fracture une fracture ouverte de jambe, vraiment quelque chose de costaud. On était quand même à 8 heures pour remonter à la surface. Alors je suis resté au fond avec le blessé, le reste de l’équipe est remonté chercher des secours. Donc là, je me suis occupé du blessé le temps que l’équipe de secours revienne et j’avais fait une liste de médicaments, des antibiotiques entre autres, pour qu’on me les ramène.
Il y avait bien les médicaments, les antibiotiques, mais ils ont oublié de prendre les seringues. C’est dommage, il fallait 16 heures à nouveau pour récupérer les seringues. C’était un peu compliqué. C’était un gouffre vraiment très étroit, difficile. Il a fallu utiliser beaucoup de dynamite pour pouvoir dégager les passages. Je suis resté 36 heures au fond.

Au bout de 36 heures, il y a un de mes collègues qui est venu me relever parce que ça commençait à devenir un peu compliqué. Et il a été sauvé. Il va bien, il a conservé sa jambe. Il va bien. C’est une expérience un peu en tout cas.
J’ai eu une autre condition de secours en spéléo, je suis sorti sur un action de ski. C’était sur la station de Flaisnes, il y a des crevasses, ça s’appelle des RPX, où il y a des crevasses au niveau des pistes de ski où on peut tomber dans de la roche.
Il y a un skieur qui était tombé au fond d’un gouffre qui avait fait 100 mètres de chute. Donc j’y suis allé. J’ai un peu attendu parce qu’en fait le patient était mort, on n’avait plus vraiment besoin de moi. C’est un peu étonnant de partir en course sur deux skis.
Alors dans le Cantal je suis arrivé en 2000, donc il y a 25 ans. Je m’y suis plus et on y est resté. J’ai encore fait un peu de secours en montagne, mais surtout de l’urgence. Et j’ai fini ma carrière à l’hôpital de Mauriac, comme médecin urgentiste. On faisait des choses tout à fait intéressantes sur un petit hôpital, on avait vraiment une médecine de qualité.
L’heure de la retraite venant, j’ai tout changé. Là, je suis devenu sculpteur sur bois, et depuis maintenant 7 ans que je suis en retraite, je tourne le bois, je fabrique des objets, je les vends pour mon association la grange de Gepetto, on a créé aussi une autre association d’artisans d’art
le groupement artisanal des métiers du Cantal ou Gramac qui regroupe maintenant environ 70 artisans et je suis le président de ces deux associations. J’ai toujours travaillé le bois à titre amateur : ma maison de Haute-Savoie, c’est une vieille maison que j’ai rachetée, j’ai refait tout l’intérieur, les escaliers, les meubles de cuisine, les lits etc donc je suis pas un novice en bois mais toujours amateur je suis pas un pro et je le revendique. On peut voir la qualité de ce qu’on fait. Bah vous voyez j’ai vécu plusieurs vies et je crois que c’est très enrichissant.