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Françoise 65 ans Le rouget
Des japonais à la ferme

Echange culturel franco nippon autour du pain

Et voilà, c’est un souvenir qui revient à moi, qui s’est passé il y a quelques années. On habite une petite ferme et on fabrique du pain à la ferme dans le cadre d’une diversification, on va dire. Donc voilà, tous les vendredis, on fabrique du pain à la ferme. Cette histoire finalement perdure aujourd’hui avec un de nos fils, Hugo, qui continue le chemin et qui continue l’histoire. Je ne sais plus quelle année on a commencé à faire du pain, en 1996 peut-être.

Au départ c’est une petite ferme avec une vingtaine de vaches. On fait un peu de transfo de farine comme ça, pour s’amuser. Et puis après voilà, on se met à faire à faire du pain avec des copains. Voilà c’est un petit projet qu’on mène à terme.
Donc on est déjà dans les années 2000, parce que finalement, cette histoire de pain fait que...
Voilà, on rencontre, c’est l’occasion de rencontrer beaucoup de gens, à chaque fois différents. Des gens qui font du pain qui apprennent à faire du pain, qui s’intéressent au pain. C’est finalement une mine de gens qu’on peut rencontrer donc c’est vrai que c’est vraiment chouette. Et un jour on rencontre un stagiaire qui était à l’école de boulangerie d’Aurillac. Puisque à l’école de boulangerie, Aurillac a son école de boulangerie qui, à un moment donné, brillait un petit peu dans l’espace de la boulangerie professionnelle, peut-être encore.

En tout cas, on rencontre Massa, qui est japonais, et qui nous demande s’il peut venir faire un stage à la ferme pour fabriquer du pain. Donc nous, on lui explique qu’effectivement, ce ne sera que les vendredis, mais voilà, s’il est partant, il n’y a pas de souci, on peut l’accueillir. Donc Massa vient nous voir un petit peu avant, mais il arrive un matin du vendredi quand on est en fabrication de pain. Il est japonais, habitant à Kyoto et voilà dès qu’il rentre dans la boulangerie, il commence à mettre son habit, son pantalon blanc, sa chemisette blanche, sa calotte blanche, ses chaussures etc comme peut-être font les japonais quand ils fabriquent du pain. Nous on était en jogging, short enfin bon bref en habit qu’on avait pour fabriquer le pain. Je pense qu’il est venu durant peut-être deux, trois vendredis, fabriquer le pain avec nous. Et après, il terminait sa formation. On devait peut-être se revoir à l’occasion. De toute façon, on était au mois de juin et peut-être qu’il repasserait avant la fin de l’année. On ne savait pas. En tous les cas, ça avait été un bon moment partagé avec lui. Et on avait reçu un Japonais. C’est vrai qu’on en était tous... On se disait, wow, un Japonais qui est venu chez nous travailler. Mais bon, après, on a eu des Catalans ou autres. Donc finalement, le monde est grand.

Et je crois que c’était début juillet, là on revoit Massa arriver à la ferme avec ses parents qui étaient venus de Kyoto pour le visiter. Ils étaient en France donc ils en profitaient, ils avaient passé la journée à se balader dans les montagnes. Il les amenait pour venir voir un petit peu comment on fabriquait le pain et nous les présenter aussi. Donc c’est vrai que waouh, on est super content de revoir Massa et aussi de rencontrer ses parents. Il y avait une jeune japonaise aussi qui les accompagnait. Donc voilà, il nous avait préparé, je me souviens à cette première rencontre, ils nous avaient préparé des petits post-it et dessus ils avaient marqué « Nous sommes très heureux de vous rencontrer ». Ok, on prend le post-it, on lit et nous on était là « Oh oui, nous aussi, nous aussi ». Bien sûr, bon, je n’ai pas encore appris le japonais, mais il n’est jamais trop tard. Voilà, et donc, quand ils étaient venus, la grand-mère, Anna, habitait encore chez nous, était encore parmi nous. Et elle était sur son balcon. Et, oh, elle voit arriver... Bon, elle avait l’habitude de voir passer un petit peu de monde quand même. Et bon, elle voit bien et elle descend. Elle descend les saluer. Et je me souviens de Anna, voilà, pour les gens qui l’ont connue, c’était une petite mamie, une petite mémé, pas très grande, mais toujours très joviale, toujours en train de... Enfin, avec un visage jovial et toujours en train de sourire. Voilà, c’était quelqu’un qui était chouette. Et donc, elle vient les saluer. Et je pense qu’elle leur dit : oui mais moi j’habite là-haut, si vous voulez venez voir. Et donc les parents de Massa accompagnent Anna dans la cuisine. Et effectivement à ce moment-là, la mère de Massa, elle regarde la maison, avec la maison traditionnelle, le cantou, mais qui était encore bien dans son jus, avec le petit butagaz dans un coin, la planche au-dessus de la table avec plein de bocaux, enfin le truc qui ne servait plus.
Et elle nous dit, par l’intermédiaire de Massa, que ça lui rappelle sa mère, et qu’elle est émue parce que sa mère habitait une vieille maison comme ça au Japon. D’ailleurs, je crois qu’ils étaient originaires du côté d’Hiroshima, enfin pas très très loin. Donc voilà, c’était un petit moment d’émotion où Anna, elle disait : oh mais ils ont l’air gentils. Et ils n’arrêtaient pas de dire merci merci. C’est vrai qu’Anna attends et c’est vrai qu’on se disait : mais attends Anna qui n’avait jamais bougé de sa ferme, qui était arrivée dans la ferme pour se marier, qui n’avait jamais bougé, peut-être une fois à Paris, mais c’est tout, qui n’avait jamais vu la mer, je me disais, ouais, super, elle aura rencontré au moins une fois dans sa vie des Japonais.

Voilà, je me rappelle de cette photo où on est tous ensemble. Un petit souvenir déjà.