C’est dans un avion pour les Etats-Unis que la réalisatrice a rencontré le sergent R., de retour d’Irak. Le jeune homme lui raconte sa guerre, lui montre des photos et des vidéos réalisées par ses camarades de l’armée... Images chocs, invisibles dans les médias traditionnels, d’une crudité inouïe, parfois insoutenable : corps déchiquetés, paysages dévastés, carcasses carbonisées. Ces échantillons d’horreur, le sergent R. les garde auprès de lui comme un talisman ambigu, autant pour exorciser son traumatisme que pour faire réagir ses interlocuteurs.
C’est donc le témoignage, très dérangeant, d’un homme cerné par la mort et inapte à la vie « normale ». Il évoque la « bête » qu’il est devenu, exprime ses doutes sur l’utilité de l’intervention en Irak, mais, en pleine contradiction, parle de la désertion comme d’un déshonneur. Résolument pacifiste, Penny Allen trouve le ton juste pour filmer ce soldat prisonnier de ses cauchemars. On la sent incrédule, voire révoltée par ses propos, mais elle ne le juge pas. Même lorsque le sergent R. décide finalement de retourner en Irak : parce qu’il a besoin d’argent et que, « là-bas, on ne fait pas que des choses horribles »...
Réalisatrice
franco-américaine vivant à Paris réalise
son premier long métrage à Portland avec
Property, lauréat au premier festival de
Sundance en 1978. Walt Curtis, auteur de
Mala Noche y tient le rôle d’organisateur de
quartier et le jeune Gus Van Sant, preneur
de son, y découvre le livre de Walt Curtis
qu’il adaptera pour son premier film. Penny
Allen réalise un deuxième long métrage
Paydirt en 1981, une histoire de vignerons
qui cultivent le marijuana pour financer leur
projet. En 2008 elle termine The Soldier’s
Tale, lauréat 2009 au festival Visions du
Réel – Nyon ; elle prépare maintenant un
film sur une contrebandière algérienne.
Ecrivaine, (A Geography of Saints,
Metaphors for Change), auteure de romans
photos (War is Hell, La Guerre c’est l’enfer),
elle s’est consacrée aux questions de
l’environnement entre 1987 et 2002.
Elle avait auparavant travaillé auprès
d’institutions de protection sociale, mais
aussi comme enseignante à l’université,
comme journaliste et comme organisatrice
dans des associations consacrées au
développement public de quartiers.
Pour finir, un lien vers le roman photo La guerre c’est l’enfer. Ce travail a représenté le premier contact avec le sujet pour la réalisatrice, avant le grand bain du long métrage.
Distributeur : Baba Yaga Film