Les mots du doc
« En fait, j’ai réuni deux envies dans ce film. D’habitude, le documentaire est produit pour la télévision qui nous demande d’aller voir ce qui ne va pas dans le monde. J’ai abordé des sujets aussi « bons pour le moral » que la crise, les toxicomanies, le SIDA, la pauvreté, la vieillesse, le handicap… Si bien que j’avais envie de faire un film qui s’intéresserait aux gens pour ce qu’ils sont et non pour les problèmes qu’ils ont. Pour moi, la matière première du documentaire, c’est l’être humain. Et puis, il y a eu aussi un évènement : j’ai été fauché par une voiture alors que je faisais du vélo, avec une fracture du crâne, un séjour dans le coma avec la possibilité de ne pas me réveiller ou de perdre l’usage de mes jambes. Si j’ai perdu l’odorat, j’ai retrouvé l’usage de mes jambes. J’ai alors eu une envie folle de les utiliser. J’ai ainsi eu cette envie de traverser la France, à pieds, à 4km/h, pour découvrir le territoire et ses habitants.
Je voulais éviter les agglomérations parce que j’avais envie de rencontres sincères et véritables. Malheureusement, et je le supputais déjà avant, en ville, il y a une sorte d’autisme sociale qui fait que la rencontre est plus difficile. Sur un banc, une place, quand je discutais avec des gens, on m’écoutait poliment et quand j’expliquais que j’avais besoin d’un toit, on m’indiquait l’hôtel, ou même les centres d’hébergements d’urgence, le SAMU social. Alors qu’à la campagne, particulièrement dans les endroits isolés, il est de l’ordre du devoir de ne pas laisser quelqu’un dehors en plein hiver.
S’il y a un enseignement universel à tirer de cette histoire, c’est « n’attendons-pas d’être mort pour réaliser les vieux rêves que nous avons en nous ». Si j’avais été cartésien, pratique, terre-à-terre, je me serais trouvé des bons prétextes pour ne pas le faire. Rien ne m’obligeait à partir, j’avais plein de raisons de rester. Et on peut passer sa vie à dire « un jour, je ferai ça » sans jamais le faire. A part une volonté intérieure qui dit « c’est maintenant », il n’y a aucun autre élément déclencheur. Quand on se dit « j’ai envie de faire ça », il faut prendre le temps et se doter des moyens de le faire. »
Laurent Hasse sur Mylorraine.fr
La réclame
Kikiafékoi
Auteur-Réalisateur : Laurent Hasse
Image : Laurent Hasse
Son : Laurent Hasse
Montage : Mathieu Augusti
Production / Diffusion : La Bascule, Zadig Productions
Participation :Région Picardie, Région Lorraine