En 2006, le candidat à l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy a dit qu’il était absurde d’inscrire le texte de La Princesse de Clèves (1678), de Mme de La Fayette, au programme d’un concours administratif. Militant de fait contre ces propos, le film est le résultat d’une expérience imaginée par un groupe d’adultes pétris d’idéaux humanistes qui ont proposé à leurs élèves de l’étudier, de le jouer, de s’en emparer. A partir de ce point de départ, qui aurait pu donner lieu à une version documentaire de L’Esquive (2002), d’Abdelatif Kéchiche, le film gagne vite en épaisseur et en autonomie.
Régis Sauder a réalisé de nombreux documentaires pour la télévision. Ses sujets favoris ? Le rapport des individus à l’institution, l’école, l’hôpital, etc. [Dans], Nous Princesses de Clèves, [...] des élèves d’un lycée marseillais classé en ZEP (Zone d’éducation prioritaire) étudient le fameux roman de Madame de La Fayette. A travers ce simple point de départ, Régis Sauder nous parle de la modernité inouïe d’un texte écrit en 1678, mais aussi de la soif de culture de cette jeunesse des banlieues que nos préjugés associent plus volontiers aux faits divers qu’à la littérature. Pour réaliser ce documentaire de cinéma, un atelier pédagogique d’un an a été mis en place au lycée Diderot. Une vingtaine d’élèves, certains brillants, d’autres en échec scolaire, ont participé à cette expérience collective, qui redonne foi en l’école.
Dès les premières minutes, qui montrent des adolescents face à la caméra récitant des passages du texte, on comprend que le réalisateur ne va pas se contenter d’interroger le rapport de ces jeunes issus de milieux défavorisés au "premier grand roman moderne de la littérature française". La manière extrêmement tendre, caressante que Régis Sauder a d’éclairer et de cadrer les lycéens, les fait exister d’emblée avec une intensité saisissante. En quelques plans, il suscite chez le spectateur une profonde empathie, que ce soit pour cette jeune fille, partagée entre son fiancé et un autre garçon qu’elle "fréquente", qui s’identifie pleinement à la princesse, pour cette autre qui évoque, avec un abattage phénoménal, son passé de "Blackgothique", ou pour ce garçon qui se reconnaît dans les qualités de gentilhomme du prince de Clèves...
kikafaikoi
Réalisateur Régis Sauder
Acteurs et actrices
Abou Achoumani Laura Badrane Morgane Badrane Manel Boulaabi
Virginie Da Vega Armelle Diakese Anaïs Di Gregorio Chakirina El Anrif
Mona M’TirZ Gwenaëlle Le Dantec Albert Nicosia Cadiatou N’diaye
Aurore Pastor Sarah Yagoubi
Scénario Sur une idée de Anne Tesson
Production Sylvie Randonneix
Equipe technique
Luc Coutand
Directeur de la photographie Régis Sauder
Chef monteur Florent Mangeot
Ingénieur du son Alain Mathieu
Ingénieur du son Gilles Cabeau
Mixage Cyrille De Canson
Distribution Attachées de presse Chloé Lorenzi Audrey Grimaud
Sociétés
Production
Nord-Ouest Documentaires
Coproduction France Ô Centre National de la Cinématographie (C.N.C.)
Distributeur France
Shellac
La réclame