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Prends garde à toi
Maïté Debats et Carol Prestat, 2005

Prends garde à toi . Un titre qui dit la menace qui pèse sur la femme pensive de la couverture de la vidéo. A quoi pense cette femme ? Elle pense au scénario de sa vie qui se fait doutes et douleurs. Elle pense à sa solitude. Un titre qui dit aussi l’impératif attentif adressé à une femme : Prend garde à toi.

De quoi ça cause ?

Un film d’images et de mots.

Images de visages. M..., femme harcelée qui a traversé le cercle de feu et qui nous montre maintenant son visage apaisé, son regard clair, sa voix posée : « ça va les enfants ? » dit-elle au cours de son récit de douleurs. Elle est bien coiffée, bien maquillée. Elle est femme. Femme gagnante. Elle a gagné sur le harcèlement qu’elle a vécu tant d’années ; elle a gagné sur l’horreur. « Elle ne veut plus sentir sa bouche mourir de silence » dirait Denis Langlois.
Un visage caché aussi, mais une voix décidée, celle d’une autre femme qui se confie.

Visages de professionnels attentifs et chercheurs, visages émouvants de spécialistes au travail d’une lourde tâche : Luis Bonino, psychiatre et directeur de recherche de Madrid qui a la gorge nouée tant il est remué, Dorothea Hecht de Berlin, Marya Gencheva et Jivka Marinova de Gert (Sofia), Françoise Cherbit de SOS Femmes (Marseille) et surtout les visages splendides, lumineux d’intelligence de Marike Gueurts et Françoise Debats de l’APIAF. Cela pour les visages admirablement filmés, cela pour les images. Cela pour le solide travail des cinéastes accomplies que sont Maïté Debats et Carol Prestat qui dirigent avec fermeté leur caméra dans un étonnant chemin de mots, balisé par un plan rigoureux qu’il me paraît nécessaire de reprendre pour ne pas trahir ce travail de réflexion approfondie sur le harcèlement moral, véritable tragédie humaine. Un scénario à la Hitchkok mais cette fois-ci il ne s’agit pas de fiction mais de réalité.

Prends garde à toi . Un titre qui dit la menace qui pèse sur la femme pensive de la couverture de la vidéo. A quoi pense cette femme ? Elle pense au scénario de sa vie qui se fait doutes et douleurs. Elle pense à sa solitude. Un titre qui dit aussi l’impératif attentif adressé à une femme : Prend garde à toi. Et c’est déjà le premier mérite de ce film : arracher les femmes harcelées à leur solitude en mettant des mots et un ordre rigoureux sur leur tragédie. Certes, il existe des hommes harcelés, il faut le dire mais c’est principalement des situations vécues par des femmes, c’est pour cela que cette vidéo traite du calvaire des femmes mais par la profonde réflexion engagée on peut, bien sûr, réfléchir aussi sur celui des hommes harcelés. La vidéo parle donc des femmes dont la douleur du harcèlement est spécifique mais dans un coin de l’image, je pense que les hommes harcelés ne sont pas oubliés et peuvent se reconnaître. Mais il est important de noter que si hommes harcelés il y a, c’est sous une forme différente que cela se produit.

Le film présenté fait le choix de donner la parole à des femmes qui ont été victimes de violences conjugales et ont franchi le pas de la séparation.

Cette vidéo est un document pédagogique crée dans le cadre du COVEF ayant pour but le développement de la formation des acteurs sociaux travaillant auprès des femmes victimes de violences domestiques a auprès d’auteurs de violences.


Kikiafékoi

Réalisation : Maîté Desbats et Carol Prestat

Production :APIAF Toulouse (Association de Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes)