Je viens du Mexique et ça fait presque 7 ans que je suis à Aurillac. Quand je discute avec les personnes, des fois ils me demandent, ok, on comprend que tu viens d’ailleurs, mais pourquoi Aurillac, pourquoi dans le Cantal, pourquoi pas une autre grande ville en France ? Et je dis, bon, c’est comme un cliché, mais finalement je suis là pour l’amour. L’ histoire de comment j’ai rencontré ma femme, ma compagne, la personne que j’aime, c’est un peu comme une fiction. Parce que je l’ai connue au Mexique. L’histoire est une petite longue. Mais je vais essayer de la résumer.

Il y a quelques années, j’ai eu un petit parcours comme artiste. Je faisais de la peinture et j’étais invité à Londres pour faire une résidence artistique pour quelques semaines. Donc c’était en 2016 et je suis parti là bas et pendant que j’étais à Londres, une amie au Mexique m’a commandé de lui acheter un livre qu’elle trouvait pas ailleurs. Donc la seule chose que je peux faire c’est que je vais le commander en ligne sur internet. Mais le livre est arrivé 12 jours après mon départ. Parce que je devais rentrer au Mexique et le livre est arrivé après. Parce que j’ai partagé l’appartement avec un autre ami artiste et que c’est lui qui restait quelques jours après, il m’a dit, ne t’inquiète pas, je peux prendre le livre, je te l’emmène après, au Mexique. Et bon, je lui ai laissé passer le temps et après, cet ami, Jesús, il m’a envoyé un message : bon je vais arriver au Mexique mais désolé, je n’ai pas eu le temps de récupérer le livre. Mais j’ai un ami qui va le récupérer, qui va venir au Mexique dans quelques mois. Je dis d’accord, qu’importe s’il faut attendre mais ça va se faire et donc je continue ma vie. Je travaillais et deux mois après mon ami m’envoie un message et me dit : ok mon ami va arriver et il a ton livre donc il va arriver à l’aéroport tel jour, etc.

Mais, le jour arrivé, je n’avais pas son nom, je ne savais pas son prénom, je ne savais pas comment il s’appelait. Et je n’avais vu aucune photo non plus. Donc je me rappelle, j’étais dans les métros, j’étais un peu en retard parce que j’ai travaillé. Il fallait arriver à l’aéroport. Et à Mexico, ce n’est pas évident. Il y a toujours beaucoup d’embouteillage, même si tu voyages en métro, il faut prévoir au moins une heure et demie ou deux heures pour te déplacer, même si c’est que 20 kilomètres. J’étais en retard et quand je suis arrivé à l’aéroport, j’ai vu sur mon téléphone que j’avais un message d’une personne que je ne connaissais pas, que j’avais ajouté comme ami sur Facebook. Cette personne m’a dit qu’elle s’appelait Delphine et qu’elle m’attendait à l’aéroport. Elle m’a dit : bon je viens de sortir donc je suis je t’attends avec ton livre à côté de la toilette de la porte 7 de l’aéroport. Donc je suis arrivé avec une petite feuille avec son prénom écrit. J’arrive comme ça, elle me voit et on a commencé la conversation et je me suis dit, bon, ça serait bien de l’inviter au resto, un peu comme pour la remercier pour faire ce voyage et m’amener le livre, mais je n’avais pas assez d’argent, donc je me suis dit, bon, au moins une bière, j’espère qu’elle va aimer la bière. Et j’ai fait ça et on a commencé à discuter. Et tout s’est bien passé et après elle est partie au sud du Mexique. A Oaxaca, c’est à peu près à 6 heures en voiture, même 8 heures en voiture. Et elle allait rester dans cet endroit pour plusieurs mois. Et moi pour le travail j’ai resté à Mexico.

Mais je me disais bon, tu peux pas tomber en amoureux de la première personne que tu vois comme ça, mais même si physiquement elle me plaisait. Elle se disait la même chose. Elle me l’a avoué après. Et donc j’ai travaillé, j’ai travaillé pour une production, un festival culturel, etc. Et je me rappelle, c’était la fête des morts en 2016, parce qu’on préparait la parade de fête des morts en Mexico. Et donc j’ai dû travailler jusqu’à 2 heures le matin à peu près et un de mes amis avec qui j’ai travaillé et on a bu une bière à la fin du travail et il m’a demandé : qu’est ce que j’allais faire le lendemain ? Bon je lui ai raconté que j’allais rien faire, que j’allais rester en Mexico pour faire ma vie et lui il avait aussi un groupe de musique et il me dit : ok, bon, demain je vais à Oaxaca parce que je vais jouer. Et je pense qu’il a vu mes yeux qui sont allumés comme ça : ah oui, quelle belle coïncidence. Il me dit, pourquoi tu voudrais y aller ? Et si tu veux, je pars d’une voiture, tu viens avec moi, on arrive le soir et on repart le lendemain. Donc j’ai appelé un ami pour voir s’il pouvait me loger et on est partis le lendemain à Oaxaca. Donc j’ai envoyé un message à Delphine pour voir si on pouvait se rencontrer. Je ne me rappelle plus du concert parce qu’en fait je l’ai invitée et elle était avec moi et on a discuté, on a commencé à danser etc. On a eu une amitié très vite donc ça ne durait pas longtemps parce que finalement, un mois après, on a décidé de commencer à être ensemble. Mais le petit problème, c’est qu’elle restait au Mexique pour un an et moi, je repartais à Londres deux mois après sans billet de retour. Donc je ne savais pas si on allait se revoir ou pas. Et on a commencé une relation à distance qui a duré presque un an et quand on s’est rendu compte que ça va pas marcher comme ça parce que finalement on va pas se voir. Le Mexique c’est pas juste à côté de Londres ! Donc ça serait bien que tu viennes en France pour pouvoir connaître ma famille. On n’avait jamais discuté de se marier parce que c’était trop vite. C’est pour ça que je suis venu en France à Aurillac. Je parlais rien de français. A l’école, à l’école au Mexique, à l’université, j’étudiais la littérature anglaise et nous, quand on étudiait l’histoire, la littérature, pour nous la France était toujours le mauvais côté contre les anglais donc pour moi la France n’avait rien à voir avec ma vie.

Et finalement je suis arrivé à Aurillac, un soir en novembre avec beaucoup de neige. Je me rappelle que c’était la première fois que je découvrais la neige aussi. C’est comme ça que j’ai connu ses parents. Et quelques mois après on s’est décidé ok on va se marier parce que sinon on va pas habiter ensemble. Depuis 2017, je n’ai pas bougé d’Aurillac et j’aime bien.