Lysiane, 35 ans : le vélo et le concours
Il y a quelques années je faisais mes études à Clermont. Et pendant les études d’architecture, il y a un moment très important qui est le rendu de fin d’année. Et tous les étudiants se mettent dans un état très... enfin, travaillent très très très très tard pour essayer de finir tous les plans, toutes les maquettes, etc. Donc la veille de ce jour très important, je vais à l’imprimerie et pendant que tous les ordinateurs de l’imprimerie buguaient, je vérifie que mon vélo est toujours garé, enfin accroché devant l’imprimerie, ce qui n’est pas le cas. Et il y a quelqu’un qui me dit « Ah, je l’ai vu, oui, il est parti par là ! ».
Alors je me dis « Oh non, c’est pas vrai, je me fais voler mon vélo le jour, la veille du jour le plus important de l’année. ». Donc je commence à courir et il y a des gens qui, de proche en proche, me disent « Oui, il est parti par là, il est parti par là, mais bien sûr, je le perds parce qu’il était à vélo et moi j’étais à pied. Donc je rentre un petit peu triste à l’imprimerie, et au coin de la rue il y avait une petite auto-école, avec quelqu’un qui me fait signe d’entrée et qui me dit : « Attendez, attendez, j’ai appelé la police, en fait je les ai vus, j’ai leur signalement, je suis en train de le donner à la police. » Moi je me dis « Bon la police a sans doute autre chose à faire que de retrouver un vélo ». Mais bon, je discute avec lui.
Et un peu plus tard, je retourne à l’imprimerie où tout buguait toujours. Parce que forcément, c’était le jour où tout va mal. Et la police arrive. Donc je commence à leur montrer sur Internet le modèle de mon vélo. Quand le policier qui est resté dehors d’un coup fait signe à l’autre. Il lui dit vite, vite, viens, embarque la nana. Viens, viens, on y va là. Donc moi, je ne savais pas trop ce qui se passait. Je rentre dans la voiture la police et ils partent. Ils partent avec moi et en fait le gars de l’auto école en partant avec un de ses élèves a revu les deux mêmes gars qui avaient volé mon vélo sur le trottoir donc il a appelé la police. Donc ils les retrouvent et ils leur ont sauté dessus littéralement. Je m’attendais pas trop à ce que ça se passe comme ça mais j’avais l’impression d’être dans un film, avec l’impression d’être passée dans un autre monde.
J’avais vraiment l’impression de ça parce qu’il y avait des talkie-walkie qui disaient des trucs en permanence. Bref donc c’était deux gamins. J’étais hyper en colère parce que je te tenais vachement à ce vélo et que ça m’énervait d’être dans cette situation. En même temps, j’étais mal à l’aise parce qu’ils étaient super jeunes et que je me disais mais qu’est-ce qui se passe et que les policiers les rudoyaient aussi un peu parce qu’ils avaient l’air de les connaître, de les avoir vus plein de fois. Et finalement, le plus grand des deux qui était parti avec le vélo, il ne voulait pas du tout dire qu’il l’avait volé. Mais l’autre a avoué là où ils avaient caché le vélo. Donc on continue avec la voiture. J’étais toujours assise à côté de mon voleur, ce qui était extrêmement bizarre. Et on va dans un petit quartier pavillonnaire tout mignon. Et puis, devant une truc comme un garage, il y a un des flics qui avance et qui ne se pose pas trop de questions, qui ouvre la porte. Il y avait le vélo, il le prend. Là, je ne savais même plus légalement ce qui était normal, pas normal. J’étais juste contente de le voir, il était là devant moi. Mon vélo, pas le flic. Et voilà et après il y a eu un moment assez surréaliste où comme il n’y avait plus de place dans la voiture, le flic était sur le vélo, accroché, accroché à la voiture et on est allé comme ça au commissariat et à chaque fois qu’il y avait une descente, il était trop content, il lâchait la voiture et il partait à fond comme ça et après il m’a juste dit : vous voyez tout ce qu’on a fait pour vous maintenant il faut porter plainte parce que sinon ça ne sert à rien. » Et donc je suis passée le reste de la soirée dans le commissariat, pendant que mes amis imprimaient mes plans pour mon rendu du lendemain, parce que toutes mes affaires étaient restées à l’imprimerie. Et le lendemain, du coup, ça avait l’air vachement moins grave ce qui se passait quand je suis arrivée pour présenter mon projet au studio. C’est pas grave, au pire je ne l’ai pas.
Tu l’as eu ?
Oui. Tu l’as eu ?
Oui.