Originaire de la vallée de l’Azawagh, à la frontière du Mali et du Niger, Moussa est aujourd’hui musicien, auteur et compositeur
de chansons. Il habite à Paris et il se déplace, dans le monde
entier quasiment, entre ses tournées et les retours auprès de sa
famille et de ses amis, sur une terre qui l’a vu naître et grandir.
Des lieux familiers, où il a aussi échappé de peu à la mort, au
début des années 1990. Il avait alors à peine vingt ans, et portait
une « kalache ». Comme beaucoup d’autres jeunes de sa génération, il était rebelle et déterminé à libérer son peuple du joug
des Etats, le Mali et le Niger.
Au cours d’une attaque, il est blessé grièvement à la jambe et
voit mourir plusieurs de ses frères d’armes. Avec eux, il jouait de
la guitare et il chantait la résistance de son peuple. Ensemble
ils s’étaient donnés un nom, Toumast, « identité » en tamasheq,
la langue des Touaregs. Depuis lors, Moussa a décidé de faire
revivre le groupe, de prolonger l’identité des ses camarades
et, plus largement, celle de tout un peuple. Ecrire, composer
et chanter pour ne pas disparaître, pour poursuivre le combat.
Moussa a troqué sa kalachnikov pour une guitare, au service de
la même cause : vivre libre, sans entraves, si ce n’est celles qu’un
individu ou un groupe se donne à lui-même.
Aminatou, qui chante aujourd’hui avec Moussa et intervient aussi
tout au long du film, évoque ses souvenirs d’enfance, ces temps
difficiles où la pauvreté, la maladie, la rébellion et les massacres
étaient le seul horizon perceptible. Un temps où « rien allait, où tout
était triste ». Et quand elle repense aujourd’hui à ces moments, les
images reviennent intactes, gravées pour toujours.
Après 1996 et le retour de la paix au Mali et au Niger, les Touaregs ont repris leur marche en avant. Moussa et Aminatou ont
enregistré deux disques et parcouru les scènes musicales internationales. Au « pays », la vie a repris son cours. Des femmes
de Kidal, au nord du Mali, ont fondé des associations pour venir
en aide aux plus fragilisées, et pour faire vivre leur culture. Les
chants au rythme du tendé ont recouvert les blessures.
Puis, l’horizon s’est assombri, à nouveau, à partir de 2006. La
violence a ressurgi, dans les mêmes régions, et pratiquement
pour les mêmes raisons. Le film, tourné en 2008, a coïncidé avec
cette nouvelle page difficile de l’histoire touarègue. Un infirmier
d’une filiale d’Areva au Niger, un jeune diplômé et un leader de
la révolte au Mali, tous trois engagés dans des mouvements armés, prennent ainsi la parole et nous montrent, de l’intérieur, les
difficultés qu’ils endurent. Face à la stigmatisation et à la violence de leurs Etats, face aux puissances et aux compagnies
étrangères qui rivalisent pour l’accaparement des ressources
minières (pétrole, gaz, uranium), face à l’implantation de groupes
trafiquants qui revendiquent une affiliation à Al-Qaïda, les Touaregs se retrouvent plus que jamais en résistance.
Avec tout cela, la vie des populations se poursuit et s’organise.
Une femme de Kidal se réjouit d’une accalmie passagère et sem-
ble conjurer le sort en affirmant que « Ca va maintenant », algher
ghas (« la paix seulement »), comme disent les Touaregs. Moussa
et Aminatou, de leur côté, continuent le combat, avec les mots
et la musique. Les sons de leur enfance, comme une ritournelle,
remontent et prolongent une identité toujours en mouvement.
Bande-annonce :
Le site du groupe :
http://www.toumast.net/