Fin de jour, campagne française. Une femme, ma mère, se promène dans les paysages du Morvan, où elle a choisi de vivre, parce qu’ils lui évoquaient sa terre d’enfance, le Maroc.
Réfugiée politique communiste, opposante au régime du roi Hassan II, elle a vécu plus de vingt ans en exil.
Dans ces paysages élus du Morvan, vont peu à peu surgir des réminiscences de l’autre lieu. Un pays s’invente dans la mémoire de l’exilée, un pays qui n’existe pas, suspendu entre le souvenir d’une terre absente et la présence d’une autre, entre l’enfance lointaine et une utopie à venir.
Un territoire intérieur, une géographie et un temps mental, seul pays de l’exilée, se propage.
"Et je dirai que si l’arrière-pays m’est resté inaccessible – et même, n’existe pas – il n’est pas pour autant insituable, pour peu que je renonce aux lois de continuité de la géographie ordinaire". ("L’Arrière-Pays", Yves Bonnefoy)