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L’âge adulte
Eve Duchemin, 2011, 56’

Chronique de la galère, « L’âge adulte » nous plonge en immersion dans une année de la vie de Sabrina, jeune fille de 20 ans qui tente d’échapper à la précarité en multipliant petits boulots de jour et un emploi de nuit comme strip-teaseuse dans une boîte du Vieux Port de Marseille.

Pour nos 10 ans, on attendait des réalisateurs, revenus à notre invitation avec un nouveau film ou une carte blanche, parce que leur venue avait été un grand moment... On est loin, les trajets pour nous rejoindre sont interminables... alors les cartes blanches seront les nôtres... chacun de ceux qui proposent d’habitude des choix de films et qui n’ont pas pu voir leur choix se réaliser, ont cette fois le droit et le devoir de diffuser LE ou LES films qu’ils ont regretté de n’avoir pas pu programmer...

Encore un...un film vu, aimé, et gardé en réserve pour les amis, les bons moments, les grands moments... ça n’est pas le premier film vu et aimé d’Eve Duchemin... alors celui là il fallait absolument qu’on vous le montre !

Caméra à l’épaule, Eve Duchemin crée un rapport intime avec les difficultés de Sabrina pour mieux interroger la nature d’une société qui semble avoir oublié la nécessité de sa propre reproduction générationnelle dans son modèle de développement humain et ses fondements affectifs, psychologiques et matérialistes.

Dès la première scène du film, on découvre Sabrina à moitié nue se dandinant gaiement avec une candeur juvénile dans une chambre sans meubles remplie de peluches d’enfant. D’entrée, Eve Duchemin choisit de montrer le corps de cette femme-enfant pour poser la question qui traverse son film, celle du passage à l’âge adulte et de la frontière toute métaphysique entre l’innocence et la responsabilité. Comme la marque de la proximité entre les deux femmes, le corps de Sabrina est cadré très étroitement par la réalisatrice pendant les 56 minutes du film et devient très vite un vecteur de questionnement pour le spectateur, particulièrement dans sa dimension psychologique. Symbole du déni de soi-même, le corps de Sabrina apparaît rapidement comme désacralisé, instrumentalisé et martyrisé. Une désacralisation qui s’exprime ouvertement comme dans la scène où elle montre avec un cynisme plein d’humour les mouvements caricaturaux qu’elle exécute lorsqu’un client s’isole avec elle pour un show privé. D’ailleurs, le discours de Sabrina est très clair sur ce sujet, et on n’est pas surpris de l’entendre dire : « Si je dois montrer mon cul pour de l’argent, je le fais ».


kikafaikoi

Réalisation : Eve Duchemin
Image : Eve Duchemin
Avec : Sabrina Himeur et Loïc Guiraud
Montage Image : Joachim Thome
Montage son : Jean-François Levillain
Mixage : Aline Gavroy
Musique : Dez Mona (Belgique)
Production : Les Films grain de sable, Eklektik Productions


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